18 ans d'art contemporain dans les églises.
La édition du "Chemin d'art sacré" en Alsace vient de s'achever ce dimanche. Tous les artistes ayant participé à cette grande aventure ont vidé les églises de leurs créations et d'autres siégeront à leur place dès l'an prochain.
Cet événement temporaire, qui s'est tenu du Juillet au 11 octobre pour cette année 2015, poursuit le but d'introduire l'art contemporain dans nos églises alsaciennes. Nous devons cette initiative à l'Église Catholique en Alsace.
Placée sous le patronage de Mgr Jean-Pierre Grallet, Archevêque de Strasbourg, elle est soutenue par les communautés paroissiales et les municipalités qui accueillent les différentes expositions.
Samedi, en fin d'après-midi, l'heure était au bilan. Bertrand Schlund, coopérateur du Diocèse de Strasbourg et organisateur de ces manifestations, était présent aux côtés de Richard Muller, président du Conseil de Fabrique de Rosheim, et de nombreux artistes ayant exposé durant cette édition.
Une rétrospective des oeuvres proposées et une explication de ces dernières ont été données au public. Pour être en adéquation avec le lieu, les artistes avaient pour objectif de faire correspondre leur art à une thématique en lien avec des citations bibliques.
Un travail pas toujours facile, mais l'art n'est-il pas en quelque sorte un don divin ?
Je citerai ici Paul Valéry qui, en 1937, donnait une conférence intitulée Nécessité de la poésie où il évoquait ses débuts de poète à la fin du siècle :
« J’ai vécu dans un milieu de jeunes gens pour lesquels l’art et la poésie étaient une sorte de nourriture essentielle dont il fut impossible de se passer ; et même quelque chose de plus : un aliment surnaturel. À cette époque, nous avons eu (...) la sensation immédiate qu’il s’en fallait de fort peu pour qu’une sorte de culte, de religion d’espèce nouvelle, naquît et donnât forme à tel état d’esprit, quasi mystique, qui régnait alors et qui nous était inspiré ou communiqué par notre sentiment très intense de la valeur universelle des émotions de l’Art."
Car c'est bien cela que la dizaine d'artistes a tenté de faire, offrir la religion de leur art aux yeux du public. Car l'art est un savoir extatique, c'est-à-dire qu'il révèle des vérités transcendantes et leurs oeuvres s'inscrivaient dans l'extension des textes bibliques. Il leur aura fallu une certaine dose d'introspection et plusieurs mois de travail, pour arriver à puiser au fond d'eux-mêmes le lien entre l'oeuvre et la Parole.
Ainsi, à Rosheim, on a pu découvrir les toiles du peintre Hocine Ziani, qui mettait en lumière à travers son art "L'éloge de la sagesse".
Une exposition magnifique réunissant dans ses peintures les trois principales religions monothéistes, où les visiteurs ont été touchés par une forme de grâce à en lire les éloges mentionnés dans le livre d'or qui était à portée de main du public dans l'église romane de Rosheim.
"J'ai eu un retour vraiment très favorable du public, et je me suis enrichi des rencontres que j'ai faites durant cette exposition" affirme l'artiste avant d'ajouter : "Je me suis rendu compte d'une chose, c'est qu'une société a autant besoin de son boulanger pour se nourrir que de ses artistes".
©Laetitia Paz-Pelletier/LaGazette des 9.
Oeuvres de l'artiste peintre Hocine Ziani.
Tous ceux qui étaient présents ce samedi ont confirmé ses mots et ont tenus à exprimer les liens qu'ils ont, pour certains, découverts avec la religion, mais surtout les échanges forts et spirituels qu'ils ont pu avoir avec le public.
Liste des artistes et des églises :
Marceau Verdière exposait à Wissembourg.
Alain Eschenlauer à Surbourg.
Lionel Picker à Haguenau.
Martine Barbaras-Hertzog à Saint-Jean-Saverne.
Hocine Ziani à Rosheim.
Ariana Remy à Ribeauvillé.
Verok Gnos à Sigolsheim.
François Carbonnier à Murbach.
Brigitte Bourdon à Feldbach.
Si dans sa globalité cet événement est bien perçu par le public car il a la particularité d'investir des lieux de culte pour y présenter l'art sous toutes ses formes, il subsiste néanmoins une question qui paraît essentielle pour d'autres : "Des expositions temporaires ont-elles vraiment leur place ou leur légitimité dans des églises consacrées ?".
C'est une question sur laquelle vous pouvez intervenir en commentaire de cet article si vous le souhaitez.
Par ailleurs, si ce chemin d'art sacré a laissé en vous une trace, vous pouvez également vous exprimer sur le sujet.
©Laetitia Paz-Pelletier
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