La Gazette des 9, le journal de Rosheim et du Piémont des Vosges

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En passant par l'Alsace avec des sabots.

NB : cliquez sur les photos pour les agrandir.

En sonnant à la porte de chez Romain Speisser, on entend un bruit de claquement au sol qui traverse la cour pavée de sa jolie maison alsacienne à colombages, située à Rosheim.

C’est le bruit des sabots qu’il porte aux pieds. Il vous accueille sourire aux lèvres, et vous invite à entrer dans son corps de ferme, où de magnifiques poules noires d’Alsace semblent se fondre naturellement dans le cadre.


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©Laetitia Paz

Romain Speisser a 37 ans et il est sabotier. 
Il est un des rares artisans qui pratique encore ce métier en France de nos jours, en effet, ils sont moins d’une quinzaine à maîtriser cet art.
Originaire de Geispolsheim, Romain Speisser a toujours possédé plusieurs cordes à son arc.
Historien amateur, passionné par le bois et la confection d’objets, c’est dans un commerce strasbourgeois qu’il menait sa vie professionnelle. 

Une envie de se reconvertir dans une autre voie, associée aux valeurs simples et à l’écologie, l'amène à se tourner vers le métier de sabotier.
Après avoir passé beaucoup de temps à regarder travailler le dernier sabotier d’Alsace, André Haeberlé, près de Munster, il prend la décision de se mettre à son compte et de redonner un nouveau souffle à ce métier.
 

En entrant dans son atelier, notre regard est tout de suite attiré par les vieilles machines qu’il possède, et on se retrouve au début des années 1900. Le temps paraît s’être arrêté dans ce vieux corps de ferme où il fait bon vivre.

 

Les grumes de bois qui serviront à la fabrication des sabots gisent dans la cour. On y trouve du peuplier, du hêtre, du bouleau ou du frêne.
Il se les procure dans les jardins ou les vergers de particuliers, ou sur des parcelles de forêts qu’on lui met à disposition.
Pour le choix des brides des sabots, Romain Speisser se rend chez un tanneur de la région.

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Romain Speisser dans son atelier.

 

Si certains n’ont jamais quitté leurs sabots, pour d’autres, il est désormais devenu le produit vintage à chausser absolument !  

Imaginez une promenade dans le vignoble. Vous y trouverez probablement le vigneron taillant sa vigne sabots aux pieds.
Au détour des champs, vous découvrirez encore certains producteurs d’asperges chaussés également de sabots ou encore quelques  éleveurs de bétail qui vont rentrer leurs bêtes.

En traversant les petits villages, vous aurez sans doute l'occasion de croiser un habitant qui se rend dans son jardin,  un autre qui sort sa poubelle ou qui va à sa boite aux lettres. Ne soyez pas étonnés ! le sabot revient à la mode, et pourquoi s'en priver ?

 

Quelle facilité de garder ses chaussons aux pieds et de les glisser dans une paire de sabots plutôt que de se déchausser, d'enfiler ses chaussures pour avoir à se re-déchausser !

Romain Speisser affirme aussi que certains bricoleurs les portent pour se protéger contre les chutes d’objets. Le sabot étant épais, il assure une protection maximale. Ils font de même lorsqu’ils travaillent avec de l’électricité, le bois n’étant pas conducteur.

Un forgeron viendra apporter son témoignage en disant :  " J’aime porter des sabots, ils sont bien moins sensibles aux chocs , et les dégâts qui peuvent être occasionnés par les projections incandescentes sont moindre par rapport à  une chaussure de  sécurité en matière synthétique. "

Les personnes participant à des reconstitutions historiques portent des sabots par souçis d'authenticité, selon les périodes de l'Histoire. Certains groupes de carnaval et les groupes folkloriques en sont également friands.

Comment fabrique-t-on des sabots ? 

Les sabots se taillent toujours dans du bois frais de sciage, encore humide et malléable.
Tout commence par la grume de bois qui est découpée en billons puis en quartiers. Ces derniers sont taillés en rectangles et sont la base du sabot.
Puis, l’artisan rogne rapidement les coins et casse les arêtes, fixe la pièce sur la machine copieuse, où il a déjà placé en vis-à-vis le modèle plein selon la taille choisie.Notons qu’en Alsace, la taille du sabot se mesure encore en pouces contrairement au reste de la France où on la mesure en centimètres.

Une fois le travail de la scie terminé, le rectangle s’est transformé en réplique exacte du modèle, et passe ensuite, selon le même processus, à la creuseuse pour l’évidage.

Les machines utilisées :

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 La copieuse à sabots, datant du début des années 1900.


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Zoom sur la copieuse

 

 

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La creuseuse, début 1900.

Pour les finitions, il se sert de l’outillage à main traditionnel : le poussoir pour lisser les contours, la cuillère pour racler le dessus et l’intérieur, la rouanne pour gommer toutes les aspérités dans la pointe du pied et le paroir, sorte de grand couteau, servant à la finition extérieure.
Il faut compter environ 1H15 à 1H30 pour fabriquer une paire de sabots.

Si le métier de sabotier est un vieux métier, il suscite encore aujourd’hui de l’intérêt chez les anciens et chez les plus jeunes.
Depuis qu’il a ouvert son atelier, nombreux sont les gens qui l’appellent pour lui parler de ce métier qu’ils ont bien connu parce que l’un de leur proche l’exerçait, par exemple. Ou de jeunes adolescents qui se renseignent sur les formations à suivre, les stages à faire pour pouvoir un jour, à leur tour, transmettre ce savoir-faire.

 

Les outils utilisés :

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Le paroir.



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La rouanne

 

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La cuillère

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Sabots cloutés pour la neige.

 

Saint René, le patron des sabotiers, n’a pas de souci à se faire, ce métier pourrait bien redevenir l’artisanat de demain.

Si, au détour d’une visite en Alsace, votre route vous emmène jusqu’à Rosheim dans le Bas-Rhin, n’hésitez pas à pousser porte de l’atelier de Romain Speisser !

 


Vous rencontrerez cet homme passionné qui vous parlera de son art en toute simplicité.
Vous découvrirez sa maison et son atelier où le temps s’écoule paisiblement, bercé au rythme de ses  machines anciennes, des cloches de l’église romane qui tintent un peu plus loin, du caquètement des poules, du bruit des sabots…

 

À quels prix ?


Les prix des sabots varie en fonction de la taille et du type de bois utilisé
pour la confection :
Comptez entre 35 et 55 euros pour une paire en bois dur, comme le hêtre ou le
frêne.
Et entre 20 et 45 euros pour une paire en bois tendre, comme le bouleau ou le
peuplier.

Romain Speisser possède également une petite boutique dans son corps de ferme.
Poussez l’ancienne porte typiquement  alsacienne faite de bois et de verre, levez les yeux au plafond resté en l’état, vous serez charmés par ce lieu. Votre  regard sera ensuite attiré par tous les objets en bois qu’il confectionne sur le thème du sabot : porte-clés, bougeoirs, suspensions florales, sabots décoratifs.
Mais surtout, Romain Speisser fera tout ce qui est en son pouvoir pour satisfaire les demandes de sa clientèle.
Vous trouverez les coordonnées, et toutes les infos utiles, sur le site de Romain Speisser :
http://sabots-speisser.com/site/accueil-sabotier-speisser-rosheim/
03.88.68.99.93

Crédits photos : Copyright ©Laetitia Paz

 

 

 

 

 

 



21/01/2015
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