Portrait de Thomas Probst, tailleur de pierre
Je vous parlais il y a tout juste deux mois de Romain Speisser, le sabotier installé à Rosheim
http://www.la-gazette-des-9.com/en-passant-par-l-alsace-avec-des-sabots
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir Thomas Probst, tailleur de pierre qui a choisi lui aussi de s’installer dans la Cité Romane pour exercer son art. Ils sont encore environ une cinquantaine à pratiquer ce métier en Alsace.
Thomas Probst dans son atelier en cours de réhabilitation.
Thomas Probst a 24 ans et est originaire de la région de Saverne, mais la passion pour la pierre ne s’est pas imposée à lui dès le départ.
Il explique : « La passion naît en travaillant. J’avais envie de faire un travail manuel. J’ai grandi auprès d’un père maître bijoutier joaillier et je passais beaucoup de temps à l’observer travailler, mais j’ai découvert très jeune que ça ne me correspondait pas.
Il me fallait trouver un métier qui allie l’art et l’artisanat mais qui m’offre aussi la possibilité de pouvoir sortir et rencontrer des gens.
J’ai d’abord débuté une formation de charpentier par le biais des compagnons et j’ai été très vite dégoûté par les conditions de travail. Comme je tenais absolument à retrouver une formation qui me permette de faire quelque chose de mes mains avec une matière noble, j’ai opté pour la pierre ».
En 2007, Thomas commence son apprentissage à l’Œuvre Notre-Dame.
Son CAP en poche, il démarre alors sa carrière en 2009 dans une entreprise de la région avant de partir à Nantes où il travaille durant une année et apprend à perfectionner ses techniques.
Il revient ensuite chez son premier employeur dans le but de mettre de l’argent de côté pour ouvrir un jour sa propre entreprise.
C’est également en 2009 qu’il obtient la deuxième place dans la catégorie « apprentis » au festival de la taille de pierre et sculpture à Salzbourg en Autriche.
En 2011, il réalise enfin son rêve et crée son atelier de travail à Knoersheim.
Il s’installe dans l’ancienne forge en cours de réhabilitation située à Rosheim l’été dernier.
Il précise : « La principale activité dans cet atelier ne sera plus la forge mais surtout la taille de pierre. Cependant, la forge est également en cours de réhabilitation pour pouvoir accueillir des forgerons lors des grandes manifestations de Rosheim ».
Tracés de réseaux et reproduction sur pierre
Au fil du temps, Thomas s’est spécialisé dans la taille du grès des Vosges, dans la rénovation et la conservation du patrimoine.
Il conserve les techniques et le savoir-faire traditionnels de la taille de pierre ainsi que de la maçonnerie, en respectant l’architecture ancienne, mais il créé également des éléments d'extérieur ou d'intérieur sur mesure.
Il réalise son travail à l’ancienne en utilisant ses mains dans 90% des cas. Il explique toutefois que sa jeunesse lui permet de faire découvrir à ses clients l’utilisation de techniques modernes tout en conservant le savoir-faire des anciens.
Ce qui a séduit Thomas dans l’entreprenariat, c’est la diversité que ce travail lui offre : « En tant que patron, je dois au préalable travailler sur l’étude du projet, je fais ensuite un devis. S’il est accepté, je m’occupe des achats et de la comptabilité, puis vient ensuite l’étape du travail.
En règle générale, il faut avant de débuter chaque projet d’abord faire une étude de l’œuvre et des dessins en 2D quand il s’agit de création.
Quand je m’occupe de rénovation je prends des mesures et des photos comme les volutes ou les moulures, par exemple, que je reproduis ensuite en dessin sur la pierre.
Une fois la taille réalisée, je passe à la dépose de l’ancien pour y mettre ma nouvelle création.
Il faut avoir de bonnes connaissances en Histoire de l’Art pour exercer ce métier. J’ai appris beaucoup de choses durant ma formation mais je continue tous les jours à me perfectionner en étant sur le terrain. J’ai appris le dessin dans les livres, comme par exemple les tracés des réseaux gothiques ou romans ».
« Il faut connaître les mathématiques et la géométrie, la géologie, l’histoire pour exercer mon métier. », ajoute t-il.
On l’aura compris, Thomas Probst est un véritable passionné.
Le grès, le calcaire et la pierre n’ont plus de secrets pour lui. Il est amené plus souvent à sculpter le grès dont il existe neuf teintes différentes en Alsace.
Ne parlez pas de marteaux pneumatiques ou de disqueuses à Thomas, il préfère de loin les ciseaux, le maillet, la gradine, la broche ou la massette comme les utilisaient les anciens.
Pour réaliser ses sculptures il prend un monolithe et réduit le sujet à l’échelle qu’il sculpte au préalable dans de la terre glaise. Il dégrossit ensuite son bloc de pierre, peaufine à la gradine et finit son travail aux ciseaux.
Les outils qu’il utilise permettent de travailler au millimètre près.
Les outils utilisés par Thomas Probst
Statue de Notre Dame de la Salette réduite à l'échelle 1/10ème
Détail statue de Notre Dame de la Salette.
Véritable artisan de la pierre, Thomas ouvre les portes de son atelier au public lors des manifestations et sera présent au salon du savoir-faire qui se tiendra à Molsheim, à l’Hôtel de la Monnaie, du 20 au 29 mars.
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