La Gazette des 9, le journal de Rosheim et du Piémont des Vosges

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Poupy et le géant de pierre. Extrait d'un livre pour petits et grands made in Alsace, par Rosy B.

"Poupy" est le personnage central d'une série de livres pour enfants (en attente d'éditeur), créée par Rosy B. Chaque conte nous plonge dans un univers onirique, féérique mais aussi plein d'humour, avec un dénominateur commun : Poupy habite quelque part dans notre canton...

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Un silence lourd pesait dans ce lieu. C’est à peine si on entendait le chant des oiseaux.
Monsieur Albert avait ouvert sa carte. Il était arrivé à bonne destination. Le « Mollberg » était entouré en rouge.
Il ne lui restait plus qu’à trouver l’accès au sentier des demoiselles de pierre.
Poupy le suivait silencieusement, aussi discrète qu’une petite souris. Plus elle avançait, plus ses souvenirs lui rappelaient l’endroit.
Son papa l’avait déjà emmenée ici !

Arrivé devant un panneau accroché à un arbre, monsieur Albert marqua une petite pause.
On pouvait distinguer les mots suivants : « Portes de l’imaginaire ».
Poupy essaya de rassembler les lettres pour arriver à déchiffrer ce que le panneau pouvait bien dire. Aller à l’école servait enfin à quelque chose.
Un petit craquement de branche derrière monsieur Albert se fit soudain entendre.
Il était suivi ! Il se mit à chuchoter :
- Il y a quelqu’un ? Hohé ! Vous êtes là ?

Poupy se demanda à qui il pouvait parler. Que pouvait bien signifier tout ce mystère ?
Elle n’avait pas remarqué que c’était elle qui avait écrasé une vieille branche morte en se cachant derrière un arbre. Elle resta immobile et vit surgir d’un seul coup d’un seul monsieur Albert avec un air surpris.
- Poupy !!! s’écria-t-il. Que fais-tu ici ? Comment es-tu arrivée là ?!

Poupy bredouilla quelques mots, confuse, puis expliqua à monsieur Albert qu’elle avait sauté dans le train lorsqu’il était reparti après leur rencontre dans les champs.
Monsieur Albert était en colère.
- Poupy, tu n’es vraiment pas raisonnable ! Tu n’as pas idée du danger que tu cours à me suivre comme ça ! Mais que vais-je bien pouvoir faire de toi ! Je suis en mission spéciale, petite sotte !

Poupy rougit mais ne se laissa pas démonter par la grosse voix de son interlocuteur.
- Emmenez-moi avec vous ! Je suis certaine que je peux faire une mission moi aussi ! J’en ai déjà fait plein des missions avec Sam vous savez ? Vous voulez que je vous les raconte ?

Monsieur Albert lui coupa la parole d’un ton sec et lui dit :
- Je crois que je n’ai pas le choix. Et je suppose que te demander de rester bien sagement assise dans le train en m’attendant serait complètement inutile, je me trompe ?

Poupy répondit par un sourire. Monsieur Albert lui saisit la main et l’entraîna avec lui sur le sentier.
- Dites monsieur Albert ? C’est quoi notre mission ? C’est un truc secret ? Il y a des montres ? Vous faites des missions depuis longtemps ?
- Ça suffit, Poupy ! Arrête de poser des questions et tais-toi ! Suis-moi en silence, c’est tout ce que je te demande, et surtout ne me lâche pas la main !
- Ah mais je refuse, monsieur Albert, dit-elle avec insolence. Vous savez, je sais faire des missions ! D’ailleurs à chaque fois que papa m’envoie faire quelque chose pour lui il me dit toujours fièrement « mission accomplie Poupy ! ». Alors ? Vous voyez que je sais faire des missions ! Même que…

Monsieur Albert s’arrêta net. Ils étaient arrivés dans un endroit qui semblait être une place où étaient posés de grands blocs de pierres taillés en pointes. Il prit sa carte en main et examina les indications.
Rien ne renseignait le lieu où ils se trouvaient. Poupy gardait étrangement le silence.
Le vieil homme réfléchit un instant sans se rendre compte qu’il pensait à voix haute.
- Mais où pouvons-nous être, rien n’est indiqué sur la carte !

Il entendit la petite voix de Poupy murmurer :
- Moi je sais. Je connais l’endroit. J’y suis déjà venue avec papa, c’est la place des elfes.
Papa m’a même expliqué qu’on appelait ces grosses pierres des menhirs et que ce sont les fées et les demoiselles de pierre qui les ont plantés là pour marquer leur territoire...
- C’est exactement l’endroit que je cherchais figure-toi ! C’est ici que j’ai rendez-vous !
Merci beaucoup Poupy, je crois que je vais reconsidérer mon jugement te concernant, tu sais que tu peux m’être d’une aide précieuse en fin de compte ?
- Ça, j’en étais sûre monsieur Albert ! Bon, on a rendez-vous avec qui ? demanda-t-elle d’un ton enthousiaste.
- Je crois que je vais devoir t’expliquer toute l’histoire ma petite.
As-tu entendu dire au village qu’une dizaine de chiens avaient disparu cette semaine ? Même mon pauvre Sepp a été kidnappé ce matin même !
- Sepp ? Kidna…

Monsieur Albert étouffa de ses mains la voix de Poupy.
- Pas si fort Poupy, on pourrait nous entendre ! Surtout lui !
- Qui ça lui ? C’est qui lui ?
- Le géant de pierre. Mais laisse-moi terminer.
Je te disais donc que des chiens disparaissaient étrangement au village.
J’ai entendu dire que le vieux géant de pierre était revenu dans les collines pour kidnapper les chiens et en faire des esclaves. Il a besoin d’eux pour vider la montagne de son or.
Il les fait tirer toute la journée de lourds wagons remplis d’or dans les carrières pour les emmener jusqu’à sa grotte.
Ainsi, il espère pouvoir acheter tous les habitants de la vallée pour qu’ils s’en aillent, et alors pouvoir régner en maître comme il le faisait dans le temps. Car si les gens n’ont plus d’or, ils quitteront la vallée pour s’installer ailleurs.
Je sais de source sûre que les elfes et les fées de la forêt essayent de combattre le vieux géant de pierre car s’il arrive à son but, toute la vallée sera désertée et surtout plus aucun enfant ne rêvera.
Les fées, les elfes et les lutins ont toujours fait partie de l’imagination des enfants. Si les enfants ne rêvent plus, ils disparaitront à tout jamais. Tu arrives à comprendre Poupy ?

- Oh ça oui monsieur Albert ! Plus d’enfants, plus de rêves, donc plus de fées, plus de lutins, et plus d’elfes, c’est ça ?
- Tu as tout compris ma petite Poupy ! Tu as tout compris…dit-il en soupirant.
- Et maintenant on fait quoi ?
- On attend. J’ai rendez-vous avec la Reine des fileuses. Elle doit m’indiquer quelle direction prendre pour trouver le sentier des chercheurs d’or, mais il semblerait qu’elle ait oublié notre rendez-vous.

Au même instant une petite lumière surgit de derrière un arbre. Une minuscule petite fée blanche habillée de fils d’or apparut devant les yeux ébahis de monsieur Albert et de Poupy.
Cette dernière ne put s’empêcher de s’écrier :
- Wouahou ! T’es une fée ? Tu as des pouvoirs magiques ? T’es vieille ? Tu as quel âge ? Comment tu t’appelles ? Moi je m’appelle Poupy et j’ai six ans !

La fée ne fut pas surprise par les questions de la petite fille. Elle avait déjà rencontré d’autres enfants au cours de ces derniers siècles. Tous avaient à peu près la même réaction, même si personne n’avait encore osé lui demander son âge.
Elle s’approcha de Poupy et se posa sur son épaule.

Elle lui sourit et lui dit :

-Avancez encore de deux-cents mètres dans la forêt et allez à la rencontre du grand chêne, c’est un arbre magique, il vous indiquera quoi faire, mais attention ! Surtout ne parlez pas aux pierres ! Vous ne pourrez pas distinguer les pierres des demoiselles de celles du géant de pierre. Ses espions prennent parfois la même forme que celles des demoiselles pour transformer les habitants en statues ! Prenez garde et bonne chance !
- Oui, d’accord c’est promis on fera attention !

Monsieur Albert, étonné de voir parler Poupy toute seule, lui demanda si elle perdait la tête. Elle répondit que non, étonnée à son tour par la question de monsieur Albert.
- Bon alors on y va monsieur Albert ?
- Mais où ? La Reine des fileuses ne nous a encore rien dit.
- Mais bien sûr que si ! Vous n’avez pas entendu ? Il faut vous nettoyer les oreilles de temps en temps vous savez monsieur Albert !

Au même instant, la Reine des fileuses prit à nouveau la parole. Elle expliqua à Poupy qu’aucun adulte ne pouvait entendre la voix des fées et des elfes.
Seuls les enfants avaient ce privilège.
- Ah bon ? Et pourquoi ? demanda Poupy.

Monsieur Albert ne comprenait toujours rien, il observait Poupy parler et poser des questions sans savoir qu’elle dialoguait avec la Reine.
- Parce que seuls les enfants rêvent encore de nous. Les adultes ont cessé de croire à la magie. Leur imagination est éteinte. Tu comprends Poupy ?
- Oui ! Tout à fait…

La reine sourit tendrement à Poupy et s’envola dans les airs.
Poupy expliqua à monsieur Albert la conversation qu’elle venait d’avoir avec la Reine. Il comprit enfin pourquoi il n’avait rien pu entendre.

Poupy saisit monsieur Albert par la main et l’entraîna dans la direction indiquée par la Reine des fileuses.
Au bout du chemin, il y avait une toute petite clairière avec en son centre un énorme chêne.
Tout le long du trajet, Poupy avait observé les pierres en restant sur ses gardes. Elle aurait pu jurer que certaines avaient de gros yeux qui les observaient.

 

© Rosy B. via La Gazette des 9 - Toute reproduction autre qu'un partage intégral de l'article interdite.



30/09/2015
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