La Gazette des 9, le journal de Rosheim et du Piémont des Vosges

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Profanations, médias, amalgames…

Des tombes ont été profanées dans le cimetière israélite de Sarre-Union et les médias se sont emparés de cette affaire, « devoir d’information » oblige.

On pouvait ainsi lire dans les grands titres que le gouvernement condamnait avec la plus grande fermeté ces actes « odieux », « antisémites », « de barbarie » et « d’ignominie ».
François Hollande, qui s'est rendu ce matin sur les lieux, a personnellement lancé un appel « au sursaut de la communauté nationale ».
Sans vouloir minimiser les faits, quelques questions me viennent à l’esprit et elles me semblent légitimes.

photo cimetière.jpg


La première est la suivante : Pourquoi, lorsqu’on dégrade des lieux de cultes chrétiens, peu voire aucune information n’est donnée au public ?

En réponse à la première question et après une enquête que j’ai réalisée il s’avère que :

En 2012, Marc le Fur posait une question à l’Assemblée Nationale, plus précisément au ministère de l’intérieur, sur le comptage des actes anti-religieux.
Je vous partage ici la réponse publiée au J.O le : 16/04/2013 page : 4215 :

Un bilan périodique des atteintes aux édifices religieux et aux sépultures, perpétrées à l'encontre des religions chrétienne, israélite et musulmane, est réalisé depuis 2008 grâce à la mise en place d'une méthode de recensement constante, permettant de quantifier ces exactions. Les statistiques sont les suivantes :

304 atteintes en 2008 dont 275 pour les sites chrétiens (édifices religieux : 129 ; sépultures : 146)
15 pour les sites israélites (édifices religieux : 12 ; sépultures : 3)
14 pour les sites musulmans (édifices religieux : 12 dans des lieux de culte ; sépultures : 2)

474 atteintes en 2009 dont 390 pour les sites chrétiens (édifices religieux : 209 ; sépultures : 181)

66 pour les sites israélites (édifices religieux : 52 ; sépultures : 14)

18 pour les sites musulmans (édifices du culte : 15 ; sépultures : 3) ;

621 atteintes en 2010 dont 522 pour les sites chrétiens (édifices religieux : 308 ; sépultures : 214)

 42 pour les sites israélites (édifices religieux : 30 ; sépultures : 12)

57 pour les sites musulmans (édifices religieux : 50 ; sépultures : 7) ;

620 atteintes en 2011 dont 527 pour les sites chrétiens (édifices religieux : 336 ; sépultures : 191)

 44 pour les sites israélites (édifices religieux : 40 ; sépultures : 4)

49 pour les sites musulmans (édifices religieux : 44 ; sépultures : 5)

667 atteintes en 2012 dont 543 pour les sites chrétiens (édifices religieux : 352 ; sépultures : 191)

40 pour les sites israélites (édifices religieux : 31 ; sépultures : 9)

84 pour les sites musulmans (édifices religieux : 83 ; sépultures : 1).

 

Ainsi, de 2008 à 2012, il a été constaté une augmentation globale du nombre d'atteintes touchant les édifices religieux et les sépultures (+ 55,9 % entre 2008 et 2009, + 31 % de 2009 à 2010, 0 % entre 2010 et 2011 et + 7,6 % entre 2011 et 2012).

Durant cette période, les atteintes aux sites chrétiens sont majoritaires mais proportionnellement en baisse (90,5 % en 2008, 82,3 % en 2009, 84 % en 2010, 85 % en 2011 et 81,4 % en 2012), comparativement aux atteintes commises au préjudice des sites israélites et des sites musulmans.

Le bilan 2012 des atteintes aux sites chrétiens (édifices religieux et sépultures) marque une légère augmentation du nombre des actes commis par rapport à l'année précédente : 543 en 2012 au lieu de 527 en 2011, soit + 3 %.

Concernant la nature et les responsables de ces actes, le même texte précise que :

La plupart sont des dégradations, des vols d'objets ou encore des actes de simple vandalisme, dont les motivations apparaissent rarement fondées sur une idéologie précise. L'ensemble du territoire est concerné par ces actes qui ont donné lieu à l'interpellation de 67 personnes, dont 50 mineurs.

Il est également précisé concernant la surveillance et la sécurité des lieux de cultes que :


La protection des lieux de culte, sans distinction de la religion, reste une préoccupation constante du Gouvernement. Des instructions sont régulièrement données par les préfets aux forces de l'ordre afin d'assurer une surveillance de ces lieux. Par ailleurs, plusieurs mesures de prévention des actes de malveillance sont rappelées aux responsables du culte : assurer une présence systématique d'un fidèle durant les heures d'ouverture des lieux de culte et mettre en place des dispositifs de vidéo-protection couvrant les principaux accès des lieux de culte. Au-delà de ces actions de prévention entreprises pour améliorer la sécurité des lieux de culte, l'ensemble des faits constatés en la matière fait systématiquement l'objet d'enquêtes judiciaires menées par les services compétents.

S'agissant d'une éventuelle recension des actes antichrétiens à l'instar de celles qui sont effectuées pour les actes antisémites et les actes antimusulmans, les responsables des différentes églises et confessions chrétiennes n'ont jamais fait part de la demande d'un indicateur spécifique auprès des pouvoirs publics. 

En 2010, Christophe Cornevin, journaliste et spécialiste police et renseignement pour le journal Le Figaro, se penchait sur le sujet et réalisait une enquête qui démontrait qu’en France, une profanation avait lieu tous les deux jours.

Dans son article, il mentionnait que « Selon une note de la direction générale de la gendarmerie nationale, pas moins de 184 dégradations de sépultures ont été recensées l'année dernière, soit à peine dix-neuf de moins qu'en 2008. »
Il précise qu’il y a également des périodes à risques concernant ces faits-là comme la date du 30 avril qui correspond à l’anniversaire d'Adolf Hitler et de la fondation de l'Église de Satan aux États-Unis et précise que des pics sont aussi observés le 31 octobre, fêtes d'Halloween et jour de l'An sataniste, mais aussi lors des dates des solstices et d'équinoxes.
D’après les renseignements des forces de l’ordre : « Les personnes interpellées indiquent la plupart du temps avoir agi sans motivation idéologique, par jeu, défi, mimétisme ou désœuvrement», estime le rapport, qui rappelle que huit profanations sont imputables à des «individus isolés souffrant de troubles psychiatriques». Si deux faits sont imputables à des «adorateurs du démon», qualifiés de « minoritaires », les analystes du Bureau des Affaires Criminelles (BAC) notent que « sur la totalité des faits recensés en 2009, la commission d'actes à caractère sataniste (croix brisées ou renversées) est supposée dans de nombreux cas ». Enfin, la présence d'alcool est un «facteur important de passage à l'acte particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes ». Source Le Figaro.fr

La deuxième question est la suivante et porte sur l’influence des médias :
Peut-on penser que les médias peuvent influencer le comportement des gens ?

Je ne peux répondre que par une interprétation personnelle à cette question.
Compte-tenu des rapports d’enquêtes démontrant que souvent les responsables de tels actes sont des mineurs qui agissent la plupart du temps sans motivations précises ou par racisme, on peut se demander si les médias ne donnent pas des idées à ceux qui n’en ont pas, aux jeunes qui cherchent à faire parler d’eux ou de leur actes dans la presse ?
J’assistais l’an dernier à une réunion de presse où cette question précise avait été soulevée avec des collègues.
Les avis étaient partagés. Certains affirmaient que la presse avait un devoir d’information et d’autres soutenaient le fait qu’effectivement, l’information donnée pouvait avoir une influence sur le comportement des gens.
Pour en revenir à l’information de départ qui est la profanation des tombes au cimetière israélite de Sarre-Union, il s’avère aujourd’hui que ces actes ont été commis par des jeunes âgés de 15 à 17 ans.
Ils risquent aujourd’hui jusqu’à 7 ans de prison. Toutefois, d’après le Procureur de la République de Saverne : «On ne connaît pas leurs motivations mais aucun n'a d'antécédent judiciaire ni de conviction idéologique qui peut expliquer ce comportement. Leurs familles ne sont pas repérées par les services de police judiciaire comme posant des difficultés.»
Le jeune homme qui s’est dénoncé « se défend de tout antisémitisme.» (Source 20 minutes Strasbourg).
Le débat sur la question reste donc ouvert…

En conclusion et après ce rapport d’enquête, nous sommes en droit de nous demander pourquoi, dès qu’il s’agit d’actes antisémites ou anti-musulmans, le gouvernement utilise les médias et condamne ces faits alors qu’un quasi silence se fait lorsqu’on s’attaque aux lieux de cultes chrétiens ?
Vous avez dit pas d’amalgames ?





17/02/2015
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